Une maison d’hôtes pas comme les autres

                   Les jardins de la Matz

J’ai découvert la beauté des bords de Rance en déménageant à Saint-Malo.

La Rance, c’est un fleuve qui prend sa source en Côte d’Armor et qui se jette dans la Manche entre Dinard et Saint-Malo. Tout au long du fleuve, il y a des beaux sentiers côtiers et des villages plein de charme, en pierre, comme Saint-Suliac (élu parmi “Les plus beaux villages de France”) ou Plouër-sur-Rance, là où je vous emmène aujourd’hui. Les paysages sont particuliers car on est à la campagne tout en étant pas loin de la mer, de l’eau, des bateaux. C’est vert, c’est bleu, c’est jaune, c’est scintillant. C’est paix-sible. 

Il y a dix ans, Hélène et Jérôme de Ségogne, qui connaissent bien le coin, sont tombés sous le charme d’une ancienne ferme au bout d‘un chemin. Inspirés par le principe des micro-fermes développés au Canada et aux USA, le couple a commencé par créer une ferme biologique de maraîchage sur leur terrain d’un hectare, puis ils ont ouvert une chambre d’hôtes et ensuite, une table d’hôtes de 24 couverts. Ça s’appelle les Jardins de la Matz. Rencontre.

Racontez-moi les débuts de votre ferme maraîchère.

Jérôme : Notre projet est né de l’envie de participer au territoire. On a donc commencé par la ferme accompagnés par un monsieur qui est parti, depuis, à la retraite. Aujourd’hui, deux jeunes, Simon et Charles, sont à la tête de la ferme, ils ont chacun envie de créer leur propre activité plus tard : ils sont là pour apprendre, acquérir de nouvelles compétences, voir comment ça se passe dans la réalité- le tout en étant un peu à l’abri avec un salaire. L’été, on prend une personne de plus en renfort.

Aujourd’hui, on vend 10 tonnes de légumes par an ! La distribution, comme la production, est 100% locale : le légume est vendu dans un périmètre proche, à des restaurateurs ou à des magasins bio de proximité. 20 km max. 

Caroline Causse cheffe de la ferme auberge, Marie de Ségogne, responsable de la maison d’hôtes, Hélène et Jérôme de Ségogne, et Hervé, maraicher. Photo : Anne-Claire Héraud

Hélène : Plusieurs années après, nous avons restauré la maison pour en faire des chambres d'hôtes. C’est notre fille, Marie, qui s’en occupe aujourd’hui : nous avons 5 chambres. Elles sont spacieuses, lumineuses, confortables, avec une décoration épurée mêlant les objets d'hier et d'aujourd'hui. Nous fermons en décembre et janvier mais restons ouverts pour les privatisations. 

Hélène : En parallèle à la maison d’hôtes, Marie a développé toute une activité de tisanes, elle cultive des plantes aromatiques et médicinales, propose deux mélanges super bons qu’elle vend auprès de nos hôtes et de nos clients. Régulièrement, des woofeurs viennent l’aider pour faire la cueillette, le séchage et l’ensachage.

Jérôme : En effet, toujours dans une optique d’expérimentation et de transmission, on accueille régulièrement des woofers. On leur offre le gite et le couvert et en contre partie ils mettent la main à la pâte (4h/jour). Avec eux par exemple, on a construit deux petites chambres dans la grange. On rencontre des personnes extraordinaires, aux parcours assez pointus, qui viennent de partout. Cet été il y avait une oenologue américaine d’origine japonaise par exemple. On apprend, eux aussi, c’est un partage d’expériences très enrichissant.

Qu’aimez-vous particulièrement ici ?

Hélène : Le calme. C’est ressourçant. La route s’arrête ici, c’est très symbolique. Tu poses tes valises, littéralement. Tu peux rester plusieurs jours sans prendre la voiture, il y a de nombreuses balades à faire le long de la Rance, et notre table d’hôtes…

Justement, le restaurant !

Jérôme : Six ans après les chambres d’hôtes, on a restauré cette ancienne porcherie pour en faire un restaurant. C’est plus une table d'hôtes, nous avons le statut de “ferme auberge”, ce qui signifie que plus de 50% de ce qui est donné dans l’assiette vient de l’activité propre de la ferme. 

Caroline Causse, la cheffe, est arrivée il y a trois ans. Elle avait fait 10 ans de communication politique à Paris et est venue faire un mois de maraîchage avec la volonté de changer de vie, de tout faire différemment. Elle n’a pas fait d’école de cuisine, chez elle, c’est instinctif. Sa cuisine est très fine, végétale, c’est assez pointu, elle commence à avoir une belle renommée.

Photos : Anne-Claire Héraud

Hélène : Nous faisons une tablée par saison, c'est-à-dire que l’on dresse une immense table avec une jolie déco, dehors quand il fait bon, ou à l'intérieur près de la cheminée quand il fait plus frais. On limite à 50 personnes, on s’assoit à la queue leu-leu, les personnes qui ont pris leur place ne se connaissent pas entre eux, mais ils se mixent. Il y a des mélanges improbables, des inconnus que l’on ne peut plus séparer à la fin du dîner ! 

Maison d’hôtes fermée en décembre / janvier mais ouverte pour privatisation (Noël, vacances d’hiver) et peut accueillir 14 personnes.

Table d’hôtes ouverte du 1er mars au 15 novembre, 4 soirs par semaine mercredi, jeudi, vendredi, samedi
Le mercredi, jeudi & samedi soirs : menu 39€ pp (hors boissons)

Le vendredi soir : formule à partager 35€ pp (5 assiettes, hors boissons)

L'édition automnale des Tablées de la Matz se tiendra le samedi 26 octobre à 19h30.
Menu unique 50€ comprenant un apéritif, 3 entrées, 1 plat à partager, fromage/salade, 1 dessert.
Le déjeuner pourra s’accompagner de boissons élaborées par nos soins et/ou de vins sélectionnés avec soin pour s’accorder avec les plats. Accord mets/vins 25€ ; mets/boissons sans alcool 15€.

Pour aller plus loin :

  • Les Ségogne ont été particulièrement inspirés par les écrits de l’Américain Eliot Coleman et du Canadien Jean-Martin Fortier, tous deux convaincus que l’on peut produire mieux en préservant la nature. Ils ont créé des micro fermes à basse main d'œuvre humaine afin de reconstituer des tissus économiques avec des emplois locaux. Ce qui a particulièrement touché les Ségogne chez Eliot Coleman et Jean-Martin Fortier ? À quel point ils sont généreux dans leur partage d'informations. Ils n’ont qu’une envie : celle que ce type d’agriculture se développe au maximum.

  • Le documentaire Anaïs s’en va-t-en guerre réalisé par Marion Gervais sur une jeune-femme de 24 ans hyper déterminée, qui a de la tchatche, du cran et une certaine rage en elle : elle se bat dans un champ pour vivre de ses tisanes (aujourd’hui elle produit des herbes aromatiques pour le chef étoilé Olivier Roellinger). Le film, modeste, fait avec très peu de moyens, a eu un immense succès à sa sortie. Malheureusement, impossible de retrouver le documentaire sur internet, mais le deuxième volet, Anaïs s’en va aimer la suit dix ans plus tard dans un nouveau combat : celui de vivre avec son mari sénégalais en France.

Cet article est extrait de la newsletterQue l’automne s’installe : les 5 inspirations de la semaine”

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