La couleur, le goût et la création, vus par India Mahdavi, “Queen of color”
Elle se définit comme polychrome et polyglotte. India Mahdavi est une femme qui ose. J’ai récemment écouté deux podcasts sur elle que je vous conseille (ils se recoupent un peu donc choisissez en un, ça suffira pour rentrer dans son univers) : “India Mahdavi de toutes les couleurs”, interviewée par Augustin Trapenard dans Boomerang (date de 2020) et India Mahdavi interviewée par Eva Bester (grande fan de cette journaliste) dans Grand Canal.
Voici quelques extraits :
“Se sentir chez soi, ça tient à un confort pas seulement physique mais visuel (…).”
“De mes souvenirs d’enfance, je garde en mémoire les couleurs technicolor de l’Amérique des années 60. (…) Quand j’étais enfant, c'était les prémisses de la télé en couleur. Je voyais tous ces dessins animés de Tex Avery à Bugs Bunny, en passant par Mickey Mouse c’était des années très joyeuses pour moi. C’était d’autant plus marquant que quand on a déménagé en Allemagne, j’ai eu l’impression que ma vie était passée de la couleur au noir et blanc. Tout d'un coup, le ciel était bas, les bâtiments gris. Le fait d’avoir perdu toutes ces couleurs en déménageant m’a beaucoup marquée. Je pense qu'au travers de mon travail, je suis toujours à la recherche de cette lumière qui est très forte aux Etats-Unis. Cette lumière orange très belle. Je me suis vite rendue compte qu’apporter de la couleur, c’est une façon d’apporter de la lumière”.
“La couleur intimide, il ne faut pas avoir peur de la couleur, je considère la couleur comme des amis. Plus j’en mets, plus ça m’amuse. On pense toujours qu’on va s’en lasser. Pour que ça reste élégant, il faut pouvoir la maîtriser. S’habiller en couleur c’est moins facile que s’habiller en noir. La couleur demande plus de maîtrise.”
“J'ai envie que les endroits que je crée restent mémorables, et je pense que la couleur permet d'imprimer la mémoire plus facilement que s'il n'y en avait pas. Et ce qui résistera toujours, c'est la mémoire qu'on garde des lieux. La mémoire est toujours plus forte que tout le reste".
“Avoir du goût, c’est avoir son goût. Quelqu’un qui a du goût, c'est quelqu'un qui est libéré du bon goût. C’est avoir un sens de la vérité, c'est d'être vrai par rapport à soi même.”
"En Iran le bon goût n’est pas un critère. Les Iraniens se libèrent du goût, des harmonies qui sont habituellement apprises en Occident dans les écoles. Ils n'ont pas ces critères-là et donc que ce soit en Iran ou même en Egypte, ils assemblent de façon très libre. Et, parfois, ça donne des trucs pas possibles et parfois d'une modernité incroyable. Moi, ça m'a toujours influencée. Ça m'a toujours émue de voir ces fautes de goût.”
“J’aime les fautes de gout, je trouve que c’est charmant. La perfection, je la laisse à l’intelligence artificielle. Les fautes, c’est plus humain. J’en fais plein et justement, la façon dont j’associe des couleurs peut être associée à une faute de goût. Ce sont des couleurs qui sont un peu décalées, qui peuvent jurer. C’est comme une conversation où il y a une dispute. J’aime quand les couleurs se foutent sur la gueule”.