L’importance du jeu d’ombre et de lumière chez les Scandinaves

       Gesa Hansen et David Thulstrup

C’est la grande différence entre le minimalisme allemand et le style nordique : les jeux de lumières.  D’après Gesa Hansen, designer et architecte d’intérieur germano-danoise qui connaît donc bien les deux styles, les pays scandinaves n’ont pas peur des nuances, de l’ombre et des lumières douces, qui créent de l’intimité, explique-t-elle lors de cette conférence dédiée à l’avenir du design danois.

Puis David Thulstrup, architecte d’intérieur danois, confirme : au Danemark, il fait jour de 4h du matin à 23h le soir en juin, et l’hiver, il fait nuit de 15h à 8h du matin. “We are used to light and shadow as a natural rhythm of earth”. À Copenhague, même la lumière publique est tamisée, pour préserver cette sensation d’enveloppement, de douceur. Il se réjouit de l’hiver qui arrive.  La première chose qu’il fait en se levant le matin et en se couchant le soir : allumer ou éteindre une bougie*. “Il y a la lumière artificielle et la lumière naturelle, et notre rôle en tant qu’architecte d’intérieur est de créer un équilibre parfait entre les deux, tout au long de l’année. Je fais très attention à créer des ouvertures dans des maisons, et surtout à ne pas “sur éclairer” un intérieur.

Le duo danois Christian+Jade était également invité au Talk. Choisis parmi les “Rising Talents” (les talents qui incarnent le futur du design) de cette édition de Maison&Objet, Christian Hammer Juhl et Jade Chan ont exposé une partie de leurs sublimes créations dont le bougeoir Reflecting Flame en aluminium (matériau rare chez les designers danois) et les lampes Vessels for Light, qui jouent, une fois de plus, magnifiquement, avec la lumière. Un spectacle que l’on a envie d’avoir chez soi.

Reflecting flame de Christian+Jade

Vessels for light de Christian+Jade

Last but not least, à un moment de la conférence Gesa Hansen revient sur l’importance du choix du matériau pour les scandinaves, du bois notamment, particulièrement vivant, qui se patine avec le temps et qui a, forcément, des imperfections. Elle insiste sur le fait que les scandinaves acceptent le matériau comme il est, n’attendent pas de lui qu’il reste comme “une femme californienne botoxée**”, à l’image des chaises Vitra, qui à une époque, ne bougeaient pas — le cuir était fait de telle sorte qu’il ne changeait pas d’un iota avec les années. Heureusement, dit-elle, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Vieillir en Scandinavie est accepté, c’est même célébré. Interesting !

* Je vous avais parlé du rapport à la lumière de l’architecte d’intérieur anglo-argentine Natalia Sly dans ce numéro. Quand elle se lève le matin, elle allume aussi toujours une bougie. 
** Autre vision du botox pour Emilie Viargues-Metge CEO de Christofle lorsqu’elle explique lors de cette conférence dédiée à Women&Design qu’elle veut redonner de la visibilité à cette maison historique, qui le mérite “J’ai vraiment envie de la mettre sous botox, positivement, pour lui redonner ce mouvement de vie qu’elle mérite, car le botox peut faire beaucoup de bien !”. Je n’ai pas été touchée par toutes les interventions des invitées, mais j’ai apprécié, celles, énergiques, d’Emilie Viargues-Metge qui m’ont fait réfléchir sur l’attitude des femmes en entreprise, sur leur rapport à leur carrière, aux hommes et au management. “Je pense que je dirige comme un homme parce que j’ai confiance en moi.” Je vous laisse faire votre avis :)

Cet article est extrait de la newsletter “Hors série : 9 détails répérés au salon Maison & Objet”

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