“Less is more but too much is cool”
“Less is more but too much is cool” c’est le mantra de Marion Mailaender, architecte d’intérieur et designer marseillaise. Dans un précédent numéro, j’avais parlé de la superbe tête de lit en flotteurs qu’elle avait créée quand elle avait transformé l’hôtel Tuba dans les calanques (elle avait trouvé des caisses entières de flotteurs abîmés et inutilisés et en avait fait des colliers géants).
Marion est connue pour son humour. Venant d’une famille de médecins, elle a tout a fait conscience que son métier ne sauve pas des vies : “Je trouve qu’on fait un métier joyeux dans lequel il faut s’amuser. Je puise beaucoup mon inspiration dans l’enfance”.
“Dans l’univers de Marion, ça dérape toujours à un moment” explique Amélie Pichard, créatrice de mode décalée pour laquelle Marion a créé une boutique. “Le jour où nous avons décidé de travailler ensemble, je trouve un coussin de Claude François hyper moche avec écrit “pour toi, signé Claude”, je l’ai ramené à la boutique et on s’est mis au travail. Du coup, on a invité le sosie de Claude François pour l’ouverture de la boutique” raconte Marion au micro des Silencio Talks.
Pour info, tout l’étage de la boutique est 100% Leboncoin.
Ses inspirations :
Bob Calle, une personnalité à part, un grand cancérologue collectionneur d’art contemporain. Déjà jeune diplômé d’école de médecine, il fréquente les galeries de Saint-Germain des Prés, dans les années 60 se lie d’amitié avec des artistes. Il est le directeur de l’hôpital Curie entre 1973-1986 et, à sa retraite, devient directeur du Carré D’art de Nîmes ! Un parcours original. Elle le rencontre pendant ses études à l’école Boulle à Paris, alors qu’elle travaille le week-end dans la boutique de sa femme et se lie d’amitié avec le couple. Lui, passionné, elle, excentrique. Ce qu’elle aime chez lui, c’est qu’il met tout au même niveau, une carte postale comme une œuvre de Robert Rauschenberg.
Plus tard, elle rencontre sa fille, la célèbre plasticienne et photographe Sophie Calle qui l’inspire depuis toujours, pour sa liberté. Car quand Sophie Calle trouve un carnet par terre, elle décide de faire une enquête et que ça va prendre 6 mois de sa vie. Elle se crée son propre travail. Chez elle, tout est prétexte à être le début d’une histoire. Marion recommande d’ailleurs le Coffret Sophie Calle double-jeux.
Elle aime que les objets la fassent sourire. Par exemple, elle crée des vases en forme de sacs. Elle a assemblé des échantillons de matériaux qui dormaient dans un coin de ses bureaux depuis des années pour en faire des sacs à main désirables (avec la chaîne en or, clin d'œil à Marseille bébé). Elle est souvent surprise quand elle les reçoit, oh on dirait un sac Céline, et celui-là, un Chanel.
Ce qu’elle n’aime pas, “ce sont les intérieurs où l’on peut savoir exactement d’où viennent les choses, combien elles coûtent”.
Le mouvement fluxus : “tout est art, l’art n’est rien, l’art est pour tout le monde”. Ce qui lui plait dans ce mouvement hérité du groupe Dada ? Liberté (encore et toujours), ouverture, divertissement.
Les années 80. Pour leur mariage à Marseille en 2008, Marion et son compagnon ont organisé une grande soirée déguisée sur le thème de la série télévisée Dallas. Pour l’occasion, ils avaient loué des costumes et une voiture de tuning entièrement dorée qui leur a servi d’enceintes pour l’apéro.
Il y a des personnes qui s’inspirent de la nature, elle c’est la ville, et en particulier Marseille. Et Marseille, ce n’est pas la plage, non. C’est la ville dans l’eau : des rochers, un environnement urbain. Marseille, c’est la mer, le soleil, la terre cuite et les amphores, oui, mais c’est aussi l’OM, les filles trop bronzées, les talons trop hauts, les claquettes chaussettes, les jet ski et le bordel.
“Je fais confiance aux choses de mon époque, j’achète régulièrement des prototypes à de jeunes designers. Mais je n’aime rien tant que le design italien, c’est le plus drôle et le plus graphique ; ou le design sans limites, comme celui de Pierre Sala, capable de faire une table en forme de cahier géant avec des pieds crayons à papier et d’assumer sa blague. Ce côté irrévérencieux me plait. C’est dans ce sens que j’ai rendu hommage à Gio Ponti à travers un remix de la chaise Superleggera rebaptisée Superpesante, tout en bronze.”
— Marion Mailaender pour AD magazine
Note to myself : des touches de too much n’empêchent en rien l’harmonie, ni la légèreté, elles apportent juste un peu de joie de vivre, en témoigne l’appartement de Marion Mailaender.